Thébaïde

L'art demande toujours, en premier lieu, un temps de recul, de solitude, un temps de réflexion, un pèlerinage dans sa Thébaïde.

La Séparation
Les soleil qui parcoure sa peau brune
Dans ses yeux le reflet de la lune

Sur la place du marché
Les uns contre les autres, en rangs
Alignés comme du poisson frais
Les hommes à la peau cristalline
Étaient venus il y a longtemps
Prendre la petite Line
Elle était jeune, pétillante,
Tant aimée et si aimante
Mais son épiderme bronzé
Lui a valu d'être emmené
Inattention d'un instant
Perdu à vie
Le sourire d'une enfant
S'éloigne de sa famille
Orphelin
Un enfant assis dans le grand brouhaha de la vie
Personne ne le voit, sans relâche il attend,
Il porte un regard triste sur le monde, sans famille ni amis
Sans désespérer, il revient chaque jour en vain, il attend
Depuis vingt jours, vingt nuits il est là
Sans vraiment savoir pourquoi
Il n'admet pas cette idée là
Que jamais personne ne lui parlera
Il espère tout de même
être repris, aimé, intégré
Il veut aimer et être aimer,
C'est toujours le même thème
Être orphelin dans la vie
Ou dans la mort, sans-abri,
Nul ne peux décider
lequel il voudrait épouser
Solitude
Partout les gens marchent a deux
Et moi, moi, je marche entre eux
Ils déambulent en couple
M’évitant d'un pas souple
Discrètement ils pressent le pas
Pour esquiver mon célibat
Entoure par les gens,
La tête vide,
Les yeux larmoyants,
Le teint livide.
Je suis à la recherche, encore,
De celle qui me permettra d'éclore
Je suis Seul.
Solo
Comme le guitariste
Qui enflamme la piste
De ses notes tristes
Je me tiens solo.
Comme le grimpeur
Qui sort de sa torpeur
Face a la falaise des peurs
Je progresse solo.
Comme l'amant
Au cœur ballant
Dragueur et draguant
Je me sens solo.
Comme toi ou moi
Entouré de désarroi
Qui cache son émoi
Qu'importe le lieu
Qu'importe mes vœux
Au milieu des duos
Je vais solo...
Celui qui compte Trois
Si bien entouré,
Je les vois s'amuser.
Mais dans ma vie,
Dans mon cœur,
Et dans mon esprit,
Toute ma langueur,
Peu a peu, prend le pas,
Et me remplit de son trépas...
Une barrière invisible,
Vous rend inaccessibles.
Pourquoi s'immerger dans la foule
Si c'est pour flotter à sa surface ?
Pourquoi pleurer loin de chez soi
Si c'est pour perdre la face ?
Pourquoi se fondre dans un moule
Si c'est pour y rester coi ?
Pourquoi marcher côte à côte,
Si c'est pour ne pas se toucher?
Pourquoi recevoir, être l'hôte,
Si c'est pour rester coucher?
Comme l'eau qui s'écoule,
En un instant tout s'écroule...
Comment puis je combattre,
Ce qui m’empêche de me débattre?
Comment puis je affronter,
Ce mal tant redouté?
Dès qu'arrive ce fardeau,
Ce virus qui s'immisce,
Mes poils se hérissent
Jusqu'aux pores de ma peau
Je voudrais être vôtre
Vous rejoindre quelquefois
Mais à jamais, je reste l'autre
Celui qui compte et compteras trois...
Opprobre
Paresseux diurne
Mais sportif nocturne
En lieu et place de marathon
J'enchaîne, chaque soir, les barathons
Une ou deux pintes
Avant l’absinthe
Trois ou quatre verres
Faisant le fier
Cinq ou six bouteilles
Qui engloutissent ma paye
Sept ou huit heures
Pour connaître le serveur
Neuf ou dix migraines
Punition vaine
Je sociabilise toute la nuit
Je fais la grande-gueule
Je côtoie les foules, je vis
Mais je rentre seul
Mon comportement est excusable
Je ne suis pas irresponsable
Toujours saoul, jamais sobre
Toujours seul, c'est mon opprobre

Un jeu injuste
L'amour est un jeu injuste
un vaudeville cruel
que l'on trouve dans les ruelles
autant que dans les salles augustes
Élevées au rang suprême
d'émotions souveraines
Les amours certaines
peuvent laisser blême
Et pour celui qui ne sait jongler
Avec l'insoutenable légèreté
de ce sentiment inégalé
la vie recèle de milles dangers
Et d'un simple petit raté
La vie bifurque violemment
Et nous emmène diligemment
Vers la condition d'esseulé
Dans la rue
Juste quelques pavés
Un ou deux bosquets
Peut-être un banc
Ou rien du tout
Voire encore moins
Au pire du vent
Un zéphyr fou
Qui souffle sans fin
Un simple parc désert
Une maison faite d'air
Si tout va bien
Quelques bouchées
Immangeables
Un bout de pain
Rassi, trempé
Exécrable
A côté, une bouche de métro
Faible courant d'air chaud
Dans l'idéal
Quelques cartons
Une couverture
Abri fatal
Toit de coton
Quelle torture
Dans la rue, effroi
A la rue, pourquoi ?
Exil
J'arpente une dernière fois la ville
La foule, les gens me dépassent
Du coin de l’œil, j'observe leurs profils
Leurs visages lentement s'effacent...
C'est enfin qu’apparait ma compagne
Première amie de ma nouvelle vie
Femme fidèle, presque servile
Symbole de la joie qui s'enfuit
La solitude me gagne
Et m'accompagne, Exil...
Ma voie
Voilà longtemps déjà,
Que j'ai dû choisir ma voie.
 
En groupe j'ai échoué
Je m'en suis éloigné

Avenues ou chemins
Me portent jusqu'à demain
Seul, mais c'était mon vœu
Je marche sans dieu
Sans maison ni foyer
Je ne peux qu'avancer
Que je le veuille ou non, c'est ainsi
Qu'importe que cela soit méphitique
Simplement, et pour ma propre survie
Je suis contraint à la vie érémitique
Les esseulés rêvent
Les seuls au monde, les esseulés
Vont et viennent sur les chemins
Vivent dans l'attente de demain
Discrètement, se font oublier
Les seuls au monde, les esseulés
Que peuvent ils bien faire ?
A part surement, se taire,
Et toujours en silence : rêver !

Espoir
Main tendue vers l'espace
Je caresse les nuages
Et dans l'air frais du soir
Je fais face.
C'est l'espoir
Que je dévisage
La solitude en surnombre
Me plonge dans la pénombre
Pour une vie sans ombre
L'espoir par le nombre
Elle
Elle court, Elle vole et me rattrape,
Sans m'atteindre.
A cause d'Elle je tombe, je dérape,
Mais sans m'éteindre.
Elle me pousse, m'isole, m'accule,
Sans me presser.
A cause d'Elle je glisse, je bascule,
Mais sans stresser.
Elle me suit, marche dans mes pas,
Sans être présente.
Elle n'est qu'une menace, Elle ne frappe pas,
La solitude est évanescente.

Renouveau
La foule
N'est qu'une houle
Les groupes, les troupes,
Des entourloupes
Les trios et les duos,
Seulement des quiproquos.
Mieux vaut être seul
Que sentir sur sa peau
La morsure du linceul
Comme seul oripeau
Pour renouveler
il faut d'abord délaisser
Pour renaître
il faut mourir
Tomber, disparaître
Pour mieux refleurir !
Le silence
Comme seule présence
La solitude
Comme certitude
Et le vide
Comme égide

Dans ma Thébaïde
Retraite calme et dorée
De l’Égypte reculée
Je règne en caïd,
Dans ma thébaïde
Ô combien seul et isolé
Dans mon sanctuaire inviolé
Je suis un Tyran sans séides
Dans ma thébaïde
Dans ce havre salutaire
je vis esseulé, solitaire
Tout seul je réside
Dans ma thébaïde
Et même dans inarrêtable flot grouillant
Au cœur, au noyau même du peuple fourmillant
Là où habituellement je vis et préside
Je me sens si seul, comme dans ma thébaïde

Prisonnier à nouveau
Prisonnier parmi les gens
Le trépas approche à pas lent
Prisonnier de mes principes
La solitude, à nouveau, veut faire équipe
Prisonnier d'un troupeau
Voilà qu'arrivent les corbeaux
Prisonnier de mes chaines
La solitude, à nouveau, me gangrène
Prisonnier parmi la foule
Le linceul se déroule
Prisonnier de qui je suis
La solitude, à nouveau, me poursuis
Prisonnier d'un cortège
La mort n'est pas un piège
Prisonnier de ma propre vie
La solitude, à nouveau, ...m'envahis
Désespoir
Trop de fumée,
Dans mes pensées,
Je me noie,
Dans mon effroi,
Je ne suis plus maître,
De tout mon être.
Mais au bout du couloir,
A la fin de ce tube noir,
J'aperçois une lumière,
Réponses à mes prières,
Une lumière éblouissante,
Symbole de la joie enivrante.
Mais je ne peux plus sortir,
Du soleil, je ne peux plus jouir,
Mes yeux, à sa vue, pleurent,
Et enfin je réalise mon malheur.
Ainsi l'astre étincelant,
Ne peut plus, de ses rayons, baigner son enfant.
Je reste au fond de la caverne,
Et tout seul, trop seul, j'hiberne.
Trop de fumée.
Trop de pensées.
Rien n'est clair,
Tout est à l'envers.
Je n'ai plus aucun espoir,
Pour maintenant ou pour ce soir,
Il est tard...
Ah ! Voilà le désespoir !
Après le désert
Après avoir, pendant si longtemps arpenté
Le ciel, la terre et mes pensées
Il m'as fallu écrire une nouvelle histoire
Trouver un échappatoire
Il était bien temps, enfin, de tourner la page
De rejoindre un équipage
La longue et mortelle traversée s'achève
Sur un monde remplit de rêves
Tout comme, après une longue nuit de tempête
Vient forcément le temps des fêtes
J'espère fébrilement qu'après ce grand désert
Je pourrais finalement tout voir en vert !

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